Ma première drôle d’intuition m’est « tombée » dessus en 2007. « Tu vas écrire un livre un jour… », m’a-t-elle murmuré.

Heureusement pour moi, je n’y ai pas cru. 

Car si j’avais tenté de la concrétiser à ce moment-là, je n’aurais pas eu grand chose à écrire…

Avoir de l’intuition, recevoir des idées innovantes – et parfois déroutantes… – est une chose. Savoir quand, comment et s’il est finalement vraiment juste de les acter en est une autre. Que cela soit dans le domaine professionnel, du business, ou dans notre vie personnelle et relationnelle. 

Là est l’art d’ancrer l’intelligence intuitive dans la réalité.

Mais alors comment fait-on pour passer de l’intuition subtile à l’impact concret ? Surtout lorsque l’intuition du départ semble avoir des enjeux forts ?

Vaste sujet dont voici 4 clés.

Clé N°1 : Lâcher le besoin du mental de savoir « comment » nous allons concrétiser l’intuition…

Dans le cas de mon intuition sur le livre, ma bénédiction a été de ne pas y croire. Leader scientifique pour une multinationale pharmaceutique, à l’époque, seul mon esprit rationnel avait sa place dans mes décisions. 

Pourquoi était-ce une bénédiction ? Parce que si j’y avais cru, j’aurais très certainement passé BEAUCOUP DE TEMPS & D’ÉNERGIE – avec ce mental bien musclé – à essayer de savoir COMMENT j’allais faire pour concrétiser cette intuition.

C’est très souvent cet obstacle-là qui nous ralenti le plus dans la concrétisation de nos plus grandes visions.

Cela peut paraître totalement paradoxal, surtout lorsqu’on est habitué à planifier les choses et poser des fondations solides avant de se lancer dans la concrétisation d’un projet, mais le mental n’est pas la première forme d’intelligence à mobiliser pour concrétiser une intuition.

Le mental aura sa place – une place importante – à un certain stade de la concrétisation, mais pas au début. 

En fait, s’ouvrir à l’intuition nous demande d’adopter une nouvelle stratégie pour avancer :

Une stratégie où la volonté et la réflexion mentale laissent plus de place à la patience, la curiosité, l’ouverture et la confiance que chaque pas sera révélé au moment où il se doit…

Bien-sûr cela peut nous amener à relever certains défis face à des personnes qui nous demandent notre plan sur 5 ans avant d’investir dans notre vision intuitive… 

Dans le cas de mon intuition sur le livre – car elle a fini par se concrétiser – j’ai eu besoin de négocier avec l’éditeur par exemple. Lui voulait un plan détaillé du livre. Mon intuition quant à elle ne me disait qu’une chose : « écris ton histoire « (alors que c’était supposé être un livre reliant l’intuition et les neurosciences)…

À cela, l’éditeur me répondait que mon histoire importait peu, car c’était le cerveau qui allait vendre…

Cela nous amène à la deuxième clé…

 

Clé N°2 : L’importance d’avoir identifié et activé sa BOUSSOLE INTUITIVE

 

Si je n’avais pas activé ce que j’appelle ma Boussole Intuitive, j’aurais très certainement été convaincue par l’éditeur d’ignorer cette intuition (n’étant moi-même pas du tout convaincue de l’intérêt de mon histoire, ni n’ayant d’arguments rationnels pour affirmer la fiabilité de l’intuition)…

Ce que j’appelle la Boussole Intuitive, c’est ce système de guidance intérieure qui va au-delà des intuitions ponctuelles – et plus « grandes » – telles que l’intuition du livre citée plus haut.

C’est un GPS intuitif qui sait nous murmurer où, comment, pourquoi et quand avancer, AU QUOTIDIEN. C’est notre être tout entier (coeur, corps et cerveau) qui, face à une option ou une décision, sait analyser un nombre inimaginable de données – inconsciemment – et en tirer la conclusion « oui » ou « non ».
Quels que soient l’incertitude ou le chaos extérieurs.

Cette Boussole Intuitive existe en chacun de nous (nous naissons avec).
Selon la place que nous avons pu lui donner dans notre vie – qui sera très dépendante de notre environnement, notre culture, notre éducation etc. – elle sera plus ou moins réveillée, activée, entendue, acceptée et surtout… écoutée.

Mais elle est bel et bien DÉJÀ là. Elle n’est pas tant quelque chose à développer qu’à SE RÉAPPROPRIER.

À ce stade-là de ma pratique, je l’entendais fort, quand bien même ses signaux restaient subtils.

Et surtout : j’avais CONFIANCE en ce qu’elle me disait. Elle m’avait donné suffisamment de preuves de sa fiabilité. Cette confiance était suffisante pour l’assumer face à l’éditeur.

J’ai donc – D’ABORD – écrit mon histoire.

Et effectivement, une fois l’histoire couchée sur le papier, tout le plan du livre s’est matérialisé. Les chapitres ont émergés, la science s’est imbriquée dedans avec beaucoup plus de fluidité… Pour finalement m’entendre dire par l’éditeur : « mais c’est vraiment ton histoire qui compte ! »

Notre boussole intuitive, c’est la clé FONDAMENTALE pour vraiment ancrer notre intuition dans la réalité. Un PETIT indice intuitif à la fois…

Clé N°3 : Une boussole intuitive pour les petites PLUS que pour les grandes intuitions

Comme indiqué plus haut, notre boussole intuitive nous envoie parfois de « grandes » visions, comme l’intuition du livre pour moi. Avec de l’entraînement et les bonnes conditions, nous pouvons développer notre capacité à capter beaucoup plus facilement ces « grandes » visions (ce que font de grandes organisations telles Nike, Google ou les Navy Seal, afin de détrôner la compétition).[1]

POURQUOI NOTRE CERVEAU SE TROMPE SUR L’IMPACT DE NOS DÉCISIONS ?

Imaginez qu’on vous annonce un crash d’avion. La réaction sera sûrement plus forte que si l’on vous disait « il y a eu un accident de voiture sur l’autoroute aujourd’hui ». Il est pourtant reconnu que nous avons beaucoup plus de risque de périr dans un accident de voiture que dans celui d’un avion. Pourquoi cette grosse erreur de jugement du cerveau ? Parce qu’il est câblé pour être sensible à tout ce qui sort de l’ordinaire. Il va par contre s’habituer assez rapidement à des stimulus récurrents. Quand bien même l’impact est grand. Lorsque nous avons une grande décision à prendre, les enjeux sont forts, l’impact potentiel est grand : notre cerveau est en alerte… Les petites décisions du quotidien sont, elles, tellement habituelles que notre cerveau n’y prête même plus attention. Quand bien même une répétition de mauvaises petites décisions peut avoir des conséquences bien plus graves qu’une seule mauvaise « grosse » décision (c’est ce qui se passe avec le burn-out par exemple, où c’est bien la répétition de petites suradaptations et violations de nos besoins et limites qui mène tout doucement à l’épuisement). 

 

Mais ce ne sont PAS les grandes intuitions qui font le plus basculer nos vies ou nos projets. Ce sont toutes ces petites intuitions – DU QUOTIDIEN – qui nous montrent finalement quel est le BON chemin.

Notre cerveau voudrait nous faire croire que ce sont les grandes décisions qui importent et impactent le plus.
Alors que ce sont toutes nos petites décisions DU QUOTIDIEN qui nous rapprochent le plus de l’équilibre, de la joie, de l’harmonie, du succès, de l’épanouissement… Ou de l’inverse. (cf. encadré ci-contre « Pourquoi notre cerveau se trompe sur l’impact de nos décisions)

[Ayons une petite pensée pour la grenouille qui s’est endormie dans une casserole d’eau chaude, inconsciente du fait que le gaz, en dessous, était allumé, et qui s’est éteinte, à petits feux, sans même avoir conscience du danger dans lequel elle était…]

Ainsi, notre Boussole Intuitive c’est notre Petit Poucet intérieur. Chaque jour, elle dépose des petites miettes de pain, pour nous montrer le bon chemin. CHAQUE JOUR.

LES PETITS PAS VERS LA CONCRÉTISATION DU LIVRE

1. RECONNEXION À MON INTUITION et à l’écoute des signaux du corps et du coeur qui me montrent finalement ce qui est juste et aligné pour moi

2. DÉCOUVRIR LE PLAISIR D’ÉCRIRE
Traumatisée par mes cours de français à l’école, l’écriture faisait partie de ces activités qui me donnaient la nausée. Pourtant, lors d’une escapade de plusieurs mois autour du monde, je décide d’écrire un blog. Par pure nécessité (enfin ça c’est ce que ma tête me dit). C’est pour donner des nouvelles à mon entourage pendant ce long voyage. Là, je découvre que lorsque je suis libre d’écrire sur ce que je souhaite, j’aime vraiment écrire ! Je fais ensuite une retraite de méditation pendant laquelle il nous est interdit de parler, ni d’écrire. À ma grande surprise, c’est le fait d’écrire qui me manque le plus ! Puis, nouvelle confirmation lors d’un travail avec une coach : il n’y a pas à en démordre, l’écriture doit avoir une vraie place dans ma vie… Ben ça alors.

 

3. LE BLOG DE « BUSINESS »
Quelques mois plus tard, ma boussole intuitive me souffle l’idée d’écrire un blog pour mon business. Je viens de changer de voie. Devenue coach en entreprise, spécialisée en Leadership, Management et Communication, mon mental souhaite écrire sur ces sujets-là. Après tout c’est pour développer ma clientèle… Ma boussole intuitive, elle, me guide à écrire sur de tout autres sujets, tels que le stress, les pensées parasites, la prise de décision, l’impact de nos pensées sur notre cerveau et comment les découvertes en neurosciences peuvent nous aider à libérer notre véritable potentiel. Des sujets qui seront finalement la base de mon futur livre, car des fondamentaux dans l’émergence de l’intuition, mais ça, je n’en ai aucune idée à ce moment-là… (Quant aux clients, ils sont venus à moi autrement.) 

 

4. L’INTUITION DU SUJET DU LIVRE

Quelques mois plus tard, ma boussole me donne une nouvelle « grande » vision : j’écrirai sur l’intuition et le fait d’être par ailleurs très rationnelle… Impossible à assumer pour moi. Du coup, je l’ignore complètement.

 

5. L’INTENTION POSÉE MALGRÉ MOI

8 mois après la nouvelle vision, je dis à mon ami Thomas : « Je n’arrive pas à me sortir cette idée de bouquin de la tête, mais je ne me sens toujours prête à écrire sur un sujet semblant toucher au mystique… En revanche, écrire un petit livre sur le cerveau, ça, je pourrais le faire. Un livre bien rationnel, bien cartésien, qui pose une base sérieuse comme premier livre, tu vois ? Peut-être après ça pourrais-je envisager d’écrire sur l’intuition… »

 

6. L’ÉDITEUR VIENT ME CHERCHER

4 jours après ma conversation avec Thomas, je reçois un email dont le titre lit « Proposition éditoriale ». Un éditeur, tombé sur mon blog, me contactait pour me demander si j’étais ouverte à l’idée d’écrire un « petit livre traitant du cerveau ». Quasiment les même mots que ceux dits à Thomas… Je suis scotchée. Lors de ma rencontre avec l’éditeur, je lui propose un sujet de livre juste sur le cerveau. Ça a l’air de lui plaire. Mais là, il me demande « Et l’intuition, ça marche comment au niveau du cerveau ? » (sans que je n’ai mentionné quoi que ce soit sur le sujet !)… J’en tombe presque de ma chaise.

 

7. L’ÉCHEC

Je SAIS que c’est sur l’intuition que je suis « supposée » écrire, mais je n’assume pas du tout. Je lui dit que je trouve l’intuition très interessante mais que je ne suis pas prête à écrire sur le sujet. Nous signons un contrat sur un livre juste sur le cerveau et bien rationnel celui-là… Ce livre ne verra néanmoins jamais le jour.

8. LE RÉALIGNEMENT
Heureusement pour moi, ma boussole intuitive ne me lâchera pas. Elle saura me rediriger vers ce qui fait vibrer mon coeur – quand bien même cela me fait très TRÈS peur (car je sais qu’il me faudra assumer des aspects controversés sur l’intuition)… Le BON livre finira par voir le jour : Les Petites Voix : quand l’intuition toque à la porte d’un cerveau rationnel (pour lire l’histoire du livre cliquez ici).

 

 

Lorsqu’on commence à vraiment l’écouter, on remarque plusieurs choses :

Elle nous guide petit pas par petit pas,
UN SEUL pas à la fois,
Au moment où il se doit,
Avec les informations dont on a besoin à ce moment-là,
À un rythme écologique pour soi,
… à concrétiser les intuitions qu’il est juste pour nous de concrétiser.

Dans mon cas, la série de pas pour matérialiser ce livre dura 8 ans. Chaque pas fut nécessaire. (cf.encadré ci-contre)

Lorsqu’on regarde la liste, on observe une chose importante :

Seules DEUX « grandes » intuitions ont contribué à la concrétisation de cette vision. Ce sont bien TOUTES LES PETITES INTUITIONS DU QUOTIDIEN qui m’ont amenée à matérialiser ce livre.

À un rythme qui fut écologique pour moi.

Aujourd’hui, je ne peux imaginer ma vie sans l’écriture. Pourtant, si je n’avais pas écouté ma boussole intuitive, je serais passée à côté.

Ainsi pour ancrer notre intuition dans la réalité, il ne faut pas juste développer notre capacité à capter les « grandes intuitions ». Il nous faut développer l’art d’écouter cette intelligence subtile AU QUOTIDIEN. Malgré le brouhaha, l’incertitude ou le chaos – qu’ils soient intérieurs ou extérieurs.

Et ça s’apprend.

 

Clé N°4 : Faire collaborer le mental et l’intuition…

Une 4ème et dernière clé.

Le mental a sa place dans tout ça ! À condition de lui redonner son juste rôle.

Le mental est là pour imaginer, conceptualiser, structurer, recadrer et avant tout sécuriser. C’est bien lui qui m’a permis de naviguer des aspects très concrets tels que :  prendre soin de mes besoins fondamentaux pendant cette période d’écriture.

C’est lui qui a pesé les enjeux financiers (j’ai eu besoin d’arrêter une grande partie de mon activité professionnelle pour écrire) et qui – en collaboration avec mon intuition – m’a permis d’identifier des solutions viables et concrètes pour continuer de subvenir à mes besoins.

C’est aussi lui qui a restructuré, relu et corrigé le livre !

Ainsi, ancrer son intuition dans la réalité signifie aussi arriver à faire collaborer ces intelligences aux compétences TRÈS complémentaires.

Et ça aussi, ça s’apprend…