C’était il y a quinze jours. Le confinement venait tout juste de prendre effet. N’ayant plus grand chose dans le frigo (et plus que deux rouleaux de papier toilette à dispo !), j’étais partie en mission commando… J’avais tout prévu : le portefeuille, le manteau tout chaud, les chaussures confort et le sac à dos. Qui sait ce que j’allais devoir braver !
Mais voilà. J’avais oublié l’essentiel : la préparation émotionnelle.
Résultat des courses : pas grand chose dans le panier, les étalages ayant joliment été dévalisés… Quant à mon panier intérieur, lui, il était plus que rempli ! S’y trouvaient toutes sortes d’émotions et de sensations que je n’avais pas souhaité « acheter », mais qui semblaient m’avoir été gracieusement offertes en quantité : de la peur, du désarroi, de la colère, pour n’en citer que trois.
J’étais revenue plutôt secouée, sentant, au fond de moi, que la plupart de ces émotions ne m’appartenaient pas. J’avais fait l’éponge et m’étais laissée embarquer dans un émotionnel plutôt chargé…

Le lendemain, je décidais d’y retourner. Le frigidaire manquait toujours du nécessaire et le papier toilette restait une sérieuse affaire ! Mais cette fois-ci, il me fallait faire autrement. Car comme dit Einstein :
« La folie, c’est de faire toujours la même chose et de s’attendre à un nouveau résultat. » Einstein
Je pris ainsi, juste avant de partir, quelques minutes pour m’
ancrer. Une technique apprise quelques années plus tôt, permettant de (re)trouver force et sérénité, particulièrement quand ça tangue dans l’environnement. J’étais parée. Solide intérieurement et prête à traverser la soupe émotionnelle du supermarché !
Et là, j’obtenais un tout nouveau résultat. D’une part, mes pas me guidèrent vers un magasin où je trouvais les denrées nécessaires (et victoire, 4 rouleaux de papier toilette !!!) sans même devoir faire une seule minute de queue. Ce qui n’était finalement pas surprenant car…
Notre intuition est plus aiguisée lorsque l’on est ancré.
L’ancrage, tout comme la
méditation, le yoga ou encore la cohérence cardiaque, permet en effet de monter dans les niveaux de conscience plus élevés – et intuitifs – de notre cerveau (cf.
cet article pour en savoir plus sur les niveaux de conscience du cerveau selon le neurologue Andrew Newberg).
Mon panier intérieur, quant à lui, revint serein. Semblable à celui qui était parti. Et cela, quand bien même c’était un peu la folie. C’était comme si j’avais alors une bulle de protection invisible, m’empêchant de me transformer en éponge de service.
Cette technique d’ancrage, je la connais depuis longtemps. Je l’utilise très régulièrement. Hypersensible chevronnée, elle m’a aidé à mieux gérer les vagues émotionnelles qui auparavant m’engouffraient. Elle a contribué à calmer mon mental, à retrouver mon
centre et aussi à mieux m’affirmer. Comme me dit un jour
Mark Mooney, le coach m’ayant transmis cette technique :
« Lorsque l’on est solide dans son corps, on est solide dans sa tête ». Mark Mooney

À l’époque je n’y avais pas cru. Je trouvais le concept beaucoup trop farfelu. Mais la pratique me démontra très rapidement la véracité de son propos, et notamment au boulot… Grâce à cette technique, mes prises de paroles et mes négociations avec ma hiérarchie étaient beaucoup plus affirmées et réussies. Même mon N+1 de l’époque nota la différence, me demandant ce que j’avais bien pu faire, en si peu de temps, pour générer un tel changement.
Quelques années plus tard, j’apprenais qu’il existait une explication physiologique possible à cet incroyable résultat : le simple fait d’adopter une posture forte, pendant deux minutes, diminue notre taux de cortisol (hormone du stress) de 25% et augmente notre taux de testostérone (hormone de la puissance) de 20%. Plus surprenant encore, ces changements physiologiques ont des effets comportementaux notables et mesurables, telle une augmentation de notre capacité à prendre des risques ou à réussir des entretiens d’embauche par exemple (pour en savoir plus sur ces études, voir
cet article ou l’extrait de
mon livre plus bas) !
Tout cela, je le savais en ce premier jour de courses. Mais je l’avais oublié. Le résultat du deuxième jour me motiva à sérieusement reprendre la pratique durant cette période très particulière. Depuis, je la fais plusieurs fois par jour : le matin au réveil, le soir avant de me coucher et dès que j’en ressens le besoin. Et l’impact est indéniable.
Non seulement elle me permet de mieux naviguer les émotions ambiantes flottantes – qui, soit dit en passant sont particulièrement secouantes ! – mais elle me permet aussi de prendre le temps de me recentrer et de me poser des questions importantes, quotidiennement :
Qu’est-ce que j’ai envie de vivre et de créer, aujourd’hui ? Qu’est-ce qu’il m’est important d’acter, ou au contraire de lâcher, pour mieux avancer ?
Je sais que les réponses « justes » à ces questions ne peuvent émaner que d’un espace intérieur serein et posé. L’ancrage est une fabuleuse clé à cet effet. Surtout en ce moment.
Nous traversons une période sans précédent. Que l’on soit hypersensible ou non, que l’on se sente déstabilisé par les événements ou pas, nous traversons tous une vague de changement importante. On est obligé de s’arrêter…
Ce confinement peut nous apporter le temps que l’on n’aurait pas forcément pris auparavant. Du temps pour faire le ménage dans l’appart’, mais aussi à l’intérieur de soi. Là, nous pouvons y découvrir des désirs refoulés qui souhaitent désormais germer, ou bien des trésors cachés que l’on souhaite aujourd’hui déterrer, libérer. Nous pouvons alors nous recentrer sur l’important et établir de nouvelles priorités.
Et pour cela, ils nous faut des racines bien plantées…